OURTANT ON EST
ENCORE LOIN d'avoir appréhendé toute
la richesse de l'écriture des anciens Égyptiens.
Déjà, Champollion n'a pas révélé
certains de ses résultats qui le laissent encore
perplexe car ne permettent pas de trancher nettement quant
à la nature idéographique ou alphabétique
des hiéroglyphes. Un cartouche recopié par
l'architecte Jean-Nicolas Huyot à Abou-Simbel, lui
donne du fil à retordre et met sa logique à
rude épreuve. Graphié ,
il n'est pas difficile d'en traduire les deux derniers signes
car on les retrouve dans le cartouche de Ptolémée:
ce sont des 'S'. Le premier signe, un cercle pointé,
semble quant à lui représenter le soleil.
Or Champollion sait, d'après le copte, que le soleil
se lit "Rê". Reste le signe central. Il figure sur
la pierre de Rosette dans une expression traduite en grec
par "anniversaire". Champollion le rapproche donc du copte
"hou-mice" qui signifie "jour de naissance" et en déduit
que ce signe correspond au mot copte "micé",
qui se traduit par "mettre au monde". Dès lors, il
est en mesure de traduire un des noms les plus célèbres
de l'histoire: Râ-mes-es-es, Ramsès, qu'il
peut traduire par "Rê l'a mis au monde". Sur le même
principe, il transcrira le cartouche de Thoutmôsis, ,
car il ne diffère de celui de Ramsès que par
le premier signe: au lieu du dieu Rê, nous trouvons
le dieu Thot (un ibis)!
En 1823, Champollion présente à l'institut
plusieurs communications sur le système hiéroglyphique.
La même année, il publie son Panthéon
égyptien, qui connait un vif succès. Un an
plus tard, paraît le Précis du système
hiéroglyphique des anciens Égyptiens dans
lequel il compile l'ensemble de ses recherches sur les noms
de dieux et rois égyptiens et il expose l'organisation
d'ensemble de l'écriture en signes phonétiques
et idéographiques. Les premiers comportent une, deux
ou trois consonnes, le groupe des unilitères (25
signes) formant le premier véritable alphabet de
l'humanité. Les seconds se répartissant en
idéogrammes qui désignent directement l'objet
et en déterminatifs qui permettent de distinguer
des mots formés de consonnes apparemment homophones.
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