A LANGUE dHomère,
de Platon, de Sophocle a été couchée
par écrit non par le biais dune invention grecque,
mais par ladaptation dun système alphabétique
né ailleurs sur les côtes méditerranéennes.
Les écritures grecques archaïques
Ce qui semble bien être le plus ancien exemple décriture
en Grèce est constitué par des pictogrammes
retrouvés en Crète et encore indéchiffrés.
Il semble que cette écriture pictographique soit
à lorigine dun autre système décriture
apparu en Crète au début du minoen moyen (entre
approximativement 1750 et 1650 av. J-C), cette écriture
na pas encore été déchiffrée,
et lon ignore même si la langue mise par écrit
était un dialecte grec. Cette écriture cursive,
dont la graphie repose essentiellement sur la composition
de lignes, a été baptisé par larchéologue
Evans, Linéaire A. Elle a été employée
sur tout le domaine de la mer Égée, Troie
incluse, de 1700 à 1400. Elle utilise 76 signes syllabiques
dont 6 différent du Linéaire B, de signes
idéogrammiques et numériques, dont des fractions.
Un peu plus tardivement (entre 1680 et 1580 env.), une
nouvelle écriture se répand, le Linéaire
B. Cette écriture cursive, utilisant 158 idéogrammes,
87 signes syllabiques, 11 signes de poids et de mesure,
5 signes numériques, fut déchiffrée
par des Britanniques, Ventris et Chadwick en 1952, grâce
aux techniques employées par lIntelligence
Service au cours de la Seconde Guerre mondiale pour décoder
les messages de larmée allemande. Il sagit
dune écriture à la fois syllabique et
idéographique. Cette écriture note une langue
grecque mais ne survécut pas au déclin de
la civilisation minoenne et aux invasions de la Crète
et cessa donc dêtre utilisée vers 1100.
Lîle de Chypre connut également un système
décriture, un syllabaire en usage jusque la
période hellénistique (IIème siècle).
Lalphabet, une invention phénicienne
Cest donc plutôt du côté du Levant
quil faut chercher lorigine de lalphabet
grec. Lancien alphabet sémitique est dabord
un emprunt à la civilisation égyptienne. Le
principe de fonctionnement de cette écriture pseudo-hiéroglyphique
protocananéenne était celui de lacrophonie:
Chaque pictogramme symbolisait le tout premier son du mot
sémitique représenté. Le signe de la
maison, baytu représentait la « lettre »
B. Or, dans toute langue sémitique, un
mot ne peut commencer que par une consonne; un alphabet
acrophonique ne peut donc quêtre consonnantique.
Linfluence égyptienne nest pas lunique
influence à laquelle le pays de Canaan était
alors soumis. Le puissant royaume dAkkadie sétendait
alors et sa civilisation se répandait avec au premier
chef sa langue et son système décriture,
le cunéiforme. Cette écriture a pour caractéristique
dêtre profondément liée à
son support et à loutil qui en assure la gravure.
Sur des tablettes dargile, de la pierre, une sorte
de petit burin permettait de graver de petites encoches,
des coins. Le système dalphabet hiéroglyphique
des Canaanéens fut transposé sur ces supports
par ce type doutils aux alentours du XIVème
siècle avant J-C. Les principales traces de cette
transposition sont celles laissées à Ugarit,
lactuel Ras Shamra, dont le fameux abécédaire
à 30 signes cunéiformes est lexemple
le plus frappant.
Le cunéiforme disparu, lalphabet linéaire
poursuivit son évolution. Avant la fin du XIIème
siècle avant J-C, lalphabet classique de 22
lettres arrivait à maturité après un
millénaire dévolution depuis linvention
des hiéroglyphes. La graphie des lettres se stabilisait
de même que le sens de la lecture qui se faisait désormais
de droite à gauche. Lalphabet phénicien
découpait la syllabe en unités simples, les
consonnes, et négligeait les voyelles qui servaient
à les prononcer. Lacquis décisif demeurait:
lutilisation dun ensemble réduit de signes
graphiques pour symboliser la langue articulée.
La problématique grecque
La langue grecque, qui appartient au groupe indo-européen
comme le persan, le sanscrit et la plupart des langues européennes,
offrait des particularités qui en rendaient la notation
difficile, que ce fût par lécriture syllabique
crétoise ou par lécriture alphabétique
consonnantique phénicienne. En effet, la difficulté
inhérente à toute écriture syllabique
est de rendre la consonne isolée, non suivie dune
voyelle. Or les groupes de deux ou trois consonnes sont
monnaie courante en grec.
Dautre part, un texte grec dont les voyelles ne sont
pas notées est complètement inintelligible.
Enfin le système des consonnes grecs semble avoir
différé profondément aussi bien de
celui de légéen, qui ne paraît
pas avoir distingué les occlusives sonores des sourdes,
que de celui du phénicien, qui ignorait les aspirées
grecques, mais possédait en revanche plusieurs gutturales
inconnues du grec et était plus riche que lui en
chuintantes et en sifflantes.
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