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Histoire de l'imprimerie
Alphabet arabe
     

CHAPITRE TROISIEME

Symbolisme de l’alphabet arabe

’ART DE L’ECRITURE EN ISLAM, est également caractérisé par une autre spécificité: le symbolisme des lettres. L’agencement des lettres y a en effet, a une haute signification: il s’agit d’exprimer en termes intelligibles la réalité cachée de la parole d’Allah. Cette alchimie des lettres, en arabe Jafr, symbolise le désir d’expression d’une géométrie de l’âme.

Véritable science cabalistique, le Jafr repose sur la combinaison de chacune des 28 lettres de l’alphabet arabe avec les 10 chiffres. Il faut d’ailleurs rappeler que les susdites 28 lettres, d’après l’ordre du vieil alphabet sémitique, peuvent être mises en lien avec les 28 positions de la lune.

C’est ainsi que ces 28 lettres sont divisées en 4 groupes de 7 lettres, groupes représentant les 4 éléments fondamentaux de l’univers, l’air (Ba ‘’), la terre (Dal ‘’), le feu (Alef ‘’) et l’eau (Jim ‘’). On invoque les lettres de feu pour soigner les malades qui souffrent du froid, pour augmenter le pouvoir de la chaleur ou encore pour affermir la puissance du guerrier. On invoque les lettres de l’eau pour soigner les fièvres et augmenter les pouvoirs du froid.

Par ailleurs, chaque lettre a une valeur numérique (Abjad Hawaz) et les agencer afin d’obtenir une certaine date est très commun. Ces équivalents numériques sont:

  • de 1 à 9 de l’Alef au Ta,
  • de 10 à 90 du Ya au Sad,
  • de 100 à 900 du Qaf au Za,
  • et 1000 pour le Ghain.

À partir de ces chiffres, on peut établir des correspondances entre les différentes lettres de l’alphabet. C’est ainsi que le Ba (2), le Kha (20) et le Ra (200) recouvrent des manières différentes d’exprimer le chiffre 2. Toutefois, comme le notait fort pertinement Ibn Kaldoun, la réelle signification des relations existant entre les lettres et les humeurs des hommes et les lettres et les chiffres est difficile à appréhender.

Par ailleurs, les lettres elles-même forment une part importante du langage symbolique de la prose et de la poésie religieuse et profane. Alef (), la première lettre, une ligne droite, dont la valeur numérique est 1, est le chiffre de la grâce fine du bien-aimé mais aussi en même temps le symbole d’Allah, le dieu unique, l’unité absolue. Les poètes ont souvent proclamé qu’ils n’avaient appris qu’une lettre, le Alef. Elle est en effet plus importante que tout l’alphabet réuni: connaître l’unicité et l’unité d’Allah prime sur la connaissance des choses visibles de ce monde. De plus, Le Alef, première lettre de l’alphabet, se retrouve dans toutes les autres lettres. Ainsi, le Hha’ () n’est autre qu’un Alef courbé et le Mim () un Alef circulaire.

Le Ba (), la deuxième lettre de l’alphabet, qui est aussi la première lettre du Bismillah qui forme le début du Coran, est considéré comme la première manifestation de la sagesse divine, la porte d’entrée dans le monde de l’Absolu. Dans son point sont contenus tous les mystères de la création. C’est que par la vertu de la médiation du Ba, qui suggère le Alef et en même temps diffère de lui par la ligature qui le joint aux autres lettres, il est possible de voir le Alef dans les autres lettres, révélant la divinité latente de l’homme.

Les relations entre le Alef et le Ba sont à l’origine de spéculations ésotériques de portée philosophique. C’est ainsi que pour les mystiques soufis, le Alef a été créé spontanément, de par sa volonté propre, alors que le Ba a été “obligé” d’exister. La conclusion en découle est que la liberté n’est pas incompatible avec l’obligation... Toujours dans cette tradition soufie, il est possible de mentionner un des enseignements du Persan Sanai: “la première et la dernière lettre du Coran sont b et s (= bas, qui signifie en arabe “assez”); cela signifie que le Coran est suffisant comme guide sur ton chemin”.

D’autres lettres, comme le dad (), le jim (), le lam () ou le qaf () ont été comparés aux boucles ou les tresses du bien-aimé, le nun () à une boucle, le sin () à ses dents, le sad () ou le ‘ain () à ses yeux en amandes. Le lam-alef (), essentiellement une ligature, a souvent symbolisé l’union. Enfin, le Mim (), un petit anneau, dont la valeur numérique est 40, est l’abbréviation de Mahommet, le récipiendaire de la parole divine.

Comme pour montrer l’importance symbolique des lettres arabes, il faut pour conclure soulever la question des Futuhat, ces lettres isolés qui introduisent souvent les sourates coraniques. Ces lettres, dont la signification ne nous est pas connue, ont donné lieu à de nombreuses spéculations . Quoiqu’il en soit, échappant à la compréhension humaine, ces lettres sont souvent perçues comme une sorte de signe d’Allah, une intuition divine.

     

 

 




 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Calligraphie miroir
“Lui”reflète “Lui” exprimant
l’unité soufie avec Dieu
(calligraphie miroir)