N 1610, des prêtres maronites font venir de Rome une imprimerie à caractères syriaques et l’installent au couvent Mar Kozhaya au Mont-Liban. Considérée comme la première en Orient, cette imprimerie ne possédait pas encore de typographie arabe. Elle publiait ses livres religieux en karchuni, des caractères syriaques utilisés pour transcrire l’arabe. Le premier ouvrage typographié du Proche Orient fut un Psautier syriaco-arabe qui parut en 1585 grâce au soutien de l’archevêque Sergios al-Rizzi.
Le retour de l’imprimerie au Liban
Il faudra attendre le début du XVIIIe siècle pour voir l’imprimerie revenir au Liban. En 1706, une imprimerie arabe d’origine roumaine, était fondée par le patriarcat orthodoxe à Alep pour publier des livres religieux. Convertis au catholicisime, des Melkites pour fuir les autorités religieuses s’installent dans le Kesrouan au Mont-Liban. Au couvent Saint-Jean de Choueir, Abdallah Zakher, fonde en 1733, une imprimerie arabe à partir de matrices venues d’Europe. L’examen du mizan al-zaman, le premier livre imprimé à Choueir en 1733-1734, montre une mise en page presque parfaite et des caractères d’une grande beauté. En 1751, une imprimerie est installée à Beyrouth par l’Église orthodoxe.
Les premières impressions arabes sont donc des ouvrages religieux, ce qui s’explique par le contexte de l’époque, où la science est avant tout religieuse et par le rôle actif mené dans le développement de l’imprimerie au Liban par les élèves du Collège Maronite de Rome. Il faut attendre le début du XIXe siècle, pour que les sujets abordés dans les livres libanais commencent à changer.
Missionaires protestants vs Missionaires jésuites
L’impulsion viendra de Malte où des missionnaires américains protestants établissent en 1822 une imprimerie arabe sous la direction de A. Faris al-Chidiac et dont le premier livre imprimé fut les adieux d’un missionnaire nommé John King. Le transfert, en 1834, de l’imprimerie à Beyrouth et la fondation de l’Imprimerie Catholique, en 1853, par les Jésuites dans cette ville donne un nouveau souffle à l’édition libanaise. Ce mouvement de presse s’intensifiera avec la formation du Syrian Protestant College (la future Université Américaine de Beyrouth) et un peu plus tard de l’Université Saint-Joseph. La rivalité entre les deux institutions va donner naissance à deux éditions de la bible, la première, celle des Protestants, traduite dans une langue claire et abordable, la seconde, celle des Jésuites, véritable monument de bibliophilie mais d’une langue plus compliquée.
A propos de l’Imprimerie Catholique, Khalil Sarkis propriétaire de l’Imprimerie des Belles Lettres écrivait: “Cette imprimerie si grande et si développée excelle par la richesse de ses matériels; quand aux livres qu’elle imprime, ils sont nombreux, entre autre l’Écriture Sainte qui dépassa par la perfection sous tous les rapports les autres livres déjà imprimés.”
Par la suite, l’imprimerie jésuite se fera une spécialité des études linguistiques alors que l’Université Américaine prend une direction plus scientifique. Cette domination des imprimeries d’inspiration religieuse, n’empêchera nullement le développement de maisons indépendantes qui vont se spécialiser dans les ouvrages profanes.
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