Typographie & Civilisation
MyFonts
   
 
Histoire de l'imprimerie
Alphabet phénicien
     

CHAPITRE TROISIEME

L’alphabet cunéiforme d’Ugarit

OUJOURS est-il, que la question de l’alphabet refait surface quelques siècles plus tard à Ugarit, la grande cité phénicienne. Les tablettes cunéiformes que l’on y découvrit n’étaient pas transcrites dans l’écriture sumérienne traditionnelle. Il s’agit bien pourtant d’une écriture cunéiforme, en ce sens qu’elle était tracée en enfonçant la pointe d’un roseau taillé en biseau sur des tablettes d’argile fraîche. Chaque lettre résultait donc de l’impression d’un ou plusieurs «coins». Mais à cela se borne la ressemblance avec les écritures syllabiques dérivées de l’écriture sumérienne. L’alphabet d’Ugarit en diffère à la fois par la forme, simplifiée, presque stylisée, et le nombre (entre vingt-deux et trente signes) de ses caractères et surtout par le fait qu’il est - à une exception près - une écriture consonnantique, c’est à dire ne transcrivant pas les voyelles.

Une écriture de chancellerie

Mis au point et utilisé à partir du XIVe siècle par les scribes de la chancellerie désireux de se doter d’un système graphique propre, ces signes, groupés entre eux pour composer des mots que séparaient de courts traits verticaux, tenaient vraisemblablement de l’écriture alphabétique proto-sinaïtique utilisée en Canaan. Ugarit, à l’époque, était en effet en relations diplomatiques et commerciales avec toutes les grandes puissances de l’époque (Égypte, Hatti, Babylone et Mitani) et constituait une véritable mini-tour de Babel. Mêlant ces influences étrangères à sa tradition locale, Ugarit établit, avec sa nouvelle écriture, une véritable transposition de l’alphabet cananéen en graphie cunéiforme.

La naissance d’un alphabet

Les textes d’Ugarit se répartissent en trois catégories: textes diplomatiques et traités, documents juridiques se rapportant essentiellement à des transactions commerciales et au droit privé et public et enfin textes littéraires d’inspiration religieuse.

Au cours du XIIIe siècle, alors que l’écriture cunéiforme alphabétique d’Ugarit commençait à se répandre dans les cités voisines, celle-ci vit décroître le nombre de signes qu’elle comprenait. Naquit ainsi un alphabet réduit de vingt-deux signes.

     

 

 

Abécédaire d'Ugarit
Abécédaire d'Ugarit
Musée National de Damas

 

 

Tablette d'Ugarit
Extrait du colophon d'une tablette d'Ugarit. On peut y lire: « Le scribe El-melek, le shibonite élève d’Aten-perlen, chef des prêtres, chef des pasteurs, le scha’aite Niqmad, roi d’Ugarit suzerain de Yrgb, maître de Sermin»