OUJOURS est-il, que la question
de lalphabet refait surface quelques siècles
plus tard à Ugarit, la grande cité phénicienne.
Les tablettes cunéiformes que lon y découvrit
nétaient pas transcrites dans lécriture
sumérienne traditionnelle. Il sagit bien pourtant
dune écriture cunéiforme, en ce sens
quelle était tracée en enfonçant
la pointe dun roseau taillé en biseau sur des
tablettes dargile fraîche. Chaque lettre résultait
donc de limpression dun ou plusieurs «coins».
Mais à cela se borne la ressemblance avec les écritures
syllabiques dérivées de lécriture
sumérienne. Lalphabet dUgarit en diffère
à la fois par la forme, simplifiée, presque
stylisée, et le nombre (entre vingt-deux et trente
signes) de ses caractères et surtout par le fait
quil est - à une exception près - une
écriture consonnantique, cest à dire
ne transcrivant pas les voyelles.
Une écriture de chancellerie
Mis au point et utilisé à partir du XIVe
siècle par les scribes de la chancellerie désireux
de se doter dun système graphique propre, ces
signes, groupés entre eux pour composer des mots
que séparaient de courts traits verticaux, tenaient
vraisemblablement de lécriture alphabétique
proto-sinaïtique utilisée en Canaan. Ugarit,
à lépoque, était en effet en
relations diplomatiques et commerciales avec toutes les
grandes puissances de lépoque (Égypte,
Hatti, Babylone et Mitani) et constituait une véritable
mini-tour de Babel. Mêlant ces influences étrangères
à sa tradition locale, Ugarit établit, avec
sa nouvelle écriture, une véritable transposition
de lalphabet cananéen en graphie cunéiforme.
La naissance dun alphabet
Les textes dUgarit se répartissent en trois
catégories: textes diplomatiques et traités,
documents juridiques se rapportant essentiellement à
des transactions commerciales et au droit privé et
public et enfin textes littéraires dinspiration
religieuse.
Au cours du XIIIe siècle, alors que lécriture
cunéiforme alphabétique dUgarit commençait
à se répandre dans les cités voisines,
celle-ci vit décroître le nombre de signes
quelle comprenait. Naquit ainsi un alphabet réduit
de vingt-deux signes.
|