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 OUR JEAN BODIN, l’imprimerie
était la plus grande de toute les inventions. Comme
nombre d’intellectuels, de politiques et de clercs,
il avait pressenti le tournant que représentait,
dans l’histoire des idées, cette technique,
inventée vers 1450 par Hans Genfleisch dit Gutenberg.
L’époque des Réformes fut le premier
moment de l’histoire de la civilisation occidentale,
où l’imprimerie apporta sa «puissance
de feu» à une controverse d’essence religieuse
et politique. Les grands prédicateurs religieux de
l’époque qu’ils soient à Wittenberg,
Genève ou Rome, avaient tous compris que l’imprimerie
allait apporter au débat religieux, la même
aide puissante qu’à la pédagogie ou la
littérature.
L’objet de cette série d’articles (à
venir) est de montrer le rôle important, mais non
essentiel, de la communauté des libraires et imprimeurs
dans le débat religieux qui va secouer l’Europe
du XVIe siècle. Elle va mettre en perspective l’action
des réformateurs et de leurs contradicteurs avec
celle de leurs éditeurs, montrant l’importance
attachée à l’imprimerie par Luther, Calvin
et l’Eglise de Rome. En filigrane apparaîtra
comment, imprimeurs et libraires, servirent puissamment
leurs convictions religieuses.
Nature de l’influence
politique du livre au XVIe siècle
L’influence de l’imprimerie dans l’histoire
de la Réforme et de la Contre Réforme, tient
aux trois facteurs suivants:
- tout d’abord l’imprimerie va permettre la
diffusion à très grande échelle de
la Bible en langue vulgaire, livre important s’il
en est, sur lequel les protestants font reposer toute
leur conception de la religion chrétienne. En permettant
à chacun de posséder le Livre par excellence,
la typographie va supprimer le nécessaire biais
que représentait le clerc, dans la transmission
de la sagesse des écritures.
- ensuite, elle va donner aux premiers réformateurs
un outil prodigieux de diffusion à grande échelle
et sans altération de leur pensée, moyens
dont n’avaient pas bénéficié
les hérésies médiévales.
- enfin, elle va permettre la production d’un nombre
phénoménal de pamphlets et autre libelles
polémiques, mettant sur la place public un type
de différends, qui auparavant restait limité
aux classes dirigeantes des pays (clergé et dans
une moindre mesure noblesse). Avec le pamphlet, la bourgeoisie
est entrée dans la sphère politique. L’opinion
publique était en train de naître.
Avant d’étudier plus en avant l’action
du livre dans la Réforme, il est intéressant
d’observer les premières réactions de
l’Eglise catholique à l’invention de l’imprimrie.
Un rapide survol permet d’observer les a priori favorables
que l’Eglise porte à la typographie, même
si rapidement, elle commence également à en
voir les dangers. 
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