Typographie & Civilisation
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Histoire des caractères typographiques
Police de caractères Sabon
     

Police de caractères Sabon Présentation historique du caractère Sabon

Le Sabon tient son nom de Jacques Sabon, fondeur de caractères à Francfort qui acquit à la mort de Claude Garamond une partie de son fonds de commerce. Il est également possible que Sabon ait récupéré ces caractères de son passage à Anvers à l’atelier de Christophe Plantin. Toujours est-il qu'il s’associa en 1555 avec la veuve de Christian Egenolff, un imprimeur et fondeur de caractères de Francfort. Par la suite il épousa la petite-fille de Egenolff. A sa mort, cette dernière épousa Konrad Berner.

Pourquoi toute cette généalogie compliquée? C’est tout simple. En 1592, la fonderie Egenolff-Berner édita un spécimen typographique qui inspira bien des graveurs de caractères qui se piquèrent de regraver le Garamond. Ce spécimen est d’autant plus important, qu’il consacra l’association du romain de Garamond avec l’italique que le graveur de caractères lyonnais, Robert Granjon, avait gravé du vivant de Garamond. Tant et si bien que les relectures s’inspirant de ce fameux spécimen, dotent le Garamond d’italiques qui ne sont pas en fait les italiques d’origine.

Police de caractères SabonEn 1960, un groupement d’imprimeurs allemands, constitua un comité afin de promouvoir la création d’un caractère conçu pour pouvoir être utilisé sans dégradation dans toutes les techniques de composition: Monotype, Linotype, fonderie traditionnelle et même photocomposition. Le caractère devait également s’inspirer du romain de Claude Garamond, mais en plus économique (avec une chasse ie largeur de lettre, inférieure).

Ce formidable défi fut confié au typographe allemand Jan Tschichold un des grands défenseurs de l’orthodoxie typographique après avoir été le père de la Nouvelle typographie. Ce dernier ne se contenta pas de copier le Garamond mais il normalisa ce dernier en lui enlevant les aspérités caractéristiques des caractères anciens (1964-1967). Pour l’italique, Tschichold s’inspira d’un caractère de Granjon présenté dans le spécimen Egenolff-Berner.

Description

Cet impératif déterminé par la technique, donna ce Garamond légèrement étroitisé qui répondait au principe de Morison selon lequel un caractère réussi est celui dont le dessin passe inaperçu. Caractéristique original du caractère: le jambage inférieur ‘f’ italique a été raccourci pour pouvoir être utilisé sur un système Linotype ‘f’. Le caractère a été commercialisé par Linotype, Monotype et Stempel.

Utilisation

Police de caractères SabonLe Sabon présente la caractéristique de posséder l’élégance raffinée du Garamond et la sobriété caractéristique des linéales modernes. Dessin romantique associé à une sensibilité germanique, le Sabon est presque toujours le bon choix lorsqu’il s'agit de créer un document d'aspect classique et élégant.

Caractère très lisible, le Sabon a été et est toujours très utilisé pour la composition de livres. Outre les qualités du Garamond, le Sabon a en effet le mérite de prendre moins de place puisque légèrement étroitisé et d’être moins historiquement connoté « Renaissance ».

Utilisation

Laissons parler Maximilien Vox...

Et sur le choix du Garamond comme base de départ pour dessiner le Sabon citons pour mémoire un extrait du discours prononcé par Jan Tschichold lors d'un séminaire du Type Director's Club en 1959:

« Quels sont les bons caractères et les plus utilisables?
En conseillant les compositeurs d’une grande imprimerie de Bâle, j’ai beaucoup appris à ce sujet. La bonne typographie doit être parfaitement lisible et, en tant que telle, le résultat d’une préparation intelligente. Les caractères classiques, tels que le Garamond, le Janson, le Baskerville et le Bell sont sans doute les plus lisibles. Les caractères bâtons conviennent dans certains cas pour mettre un texte en valeur, mais ils sont utilisés de façon abusive.»