Typographie & Civilisation
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Histoire des caractères typographiques
Police de caractères Clarendon
     

Police de caractères Clarendon Présentation historique du caractère Clarendon

Le premier Clarendon, une égyptienne, ces caractères aux empattements épais et à forte graisse, vit le jour à la Fann Street Foundry alors dirigée par W. Thorowgood en 1845. On doit son dessin au typographe Robert Besley qui fut assisté dans son travail par le graveur de caractères Benjamin Fox.

Police de caractères Clarendon CondensedA l’époque la durée d’un brevet en matière de caractère typographique était limité à trois ans. Cette période passée, les concurrents de Thorowgood, désireux de tirer partie de l’engouement généré par ce nouveau caractère, lancèrent de nombreuses copies de ce dernier au grand dam de Besley. Il est à noter que c’est dans sa version étroitisée que le Clarendon perça, dans un premier temps, sur le marché anglais.

L’origine du nom ‘Clarendon’ est assez obscur. De Vinne dans son Plain printing types (1900) propose la théorie selon laquelle le caractère était d’abord destiné à la Clarendon Press de l’Université d’Oxford désireux de se doter d’un caractère de titrage performant pour ses ouvrages de références et ses dictionnaires. Seule réserve, les recherches contemporaines invalident cette théorie mais reconnaissent toutefois que le nom lui-même fait bien référence à cette imprimerie d’Oxford.

Description...

Dans une publicité parue en 1850, Besley fait ainsi la promotion de son caractère :

La police de caractères la plus utile qu’un imprimeur se doit d’avoir dans son atelier est le Clarendon : elle met en évidence un mot ou une ligne sur une facture ou bien une page de titre et ne masque pas les autrers lignes. Le Clarendon a été fabriqué avec grand soin, ce qui lui confère distinction et force. Il évite et l’inélégance gauche des caractères Antiques ou Egyptiennes et l’apparence d’un caractère romain ordinaire épaissi par un usage trop fréquent.

Egyptienne classique, le Clarendon s’éloigne parfois de  son archétype, se distinguant par sa plus grande subtilité sensible en particulier dans les lettres ‘a’, ‘e’, ‘g’ et ‘t’ ainsi que dans le ‘R’ capitale.

Police de caractères Clarendon

... & utilisation

Alors que les caractères ioniques contemporains du Clarendon étaient plutôt utilisés pour composer le corps des textes des publications de l’époque (en particulier les quotidiens), le Clarendon fut requis pour les titres et toute partie du texte à mettre en relief. Le concept qui consiste à utiliser un caractère gras pour souligner un texte ou un mot plutôt qu’un caractère italique, fut inventé avec le Clarendon. Cette pratique se perpétue aujourd’hui en particulier dans l’édition de presse.

Cette utilisation tenait au caractère gras et foncé de ce nouveau type. Cette singularité était telle que pendant très longtemps, Clarendon fut synonyme de caractère gras et servit même à rebaptiser chez certains spécialistes la famille des Egyptiennes. Le Clarendon s’identifie grandement à son époque et constitue finalement l’expression typographique de cette nouvelle ère initiée par la Révolution industrielle.

Commentaire

Parlant plus généralement des caractères dit égyptiens ou mécanes, Nicolette Gray dans son Nineteenth century ornemented types and title pages (1938) écrit que ces caractères sont les plus brillantes expression de ce siècle (le XIXème). En revanche, D.B.Updike (Printing types, 1922) ne cache pas son dédain pour ces caractères les qualifiant en une phrase « sorte de caractères enflés pour lesquels tous les fûts sont d’épaisseur égale ».