Typographie & Civilisation
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Histoire des caractères typographiques
Police de caractères Bembo
     

Présentation historique du caractère Bembo

Police de caractères BemboDans les années 1920, la firme anglaise Lanston Monotype confia à Stanley Morison la direction d’un programme de remise au goût du jour de caractères typographiques historiques. C’est ainsi que revécurent sur des machines modernes d’impression des caractères aussi fameux que le Bodoni, le Garamond, le Baskerville ou bien encore… le Bembo.

Ce dernier naquit après le Poliphilus (1923), un autre caractère inspiré de la Renaissance italienne. Il faut dire qu’à cette époque, et depuis William Morris, le seul caractère italien à retenir l’attention des imprimeurs, était le Jenson du franco-vénitien Nicolas Jenson. On doit à Daniel Berkeley Updike, auteur du fameux ouvrage, Printing types : their history, forms and use (1922), de redécouvrir les travaux postérieurs à ceux de Jenson et en particulier ceux d’Alde Manuce.

Ce dernier, connu sous son nom latin d’Aldus Manutius, fut un lettré et un éditeur de Venise de la fin du XVe siècle. Amoureux de la littérature grecque antique, il programma un vaste programme d’édition des classiques grecs et fit graver des caractères grecs fameux également. Ami d’Erasme, il publia également des classiques latins et des auteurs de son temps.

C’est ainsi qu’en 1495, il publia le De Aetna de Pietro Bembo, un des auteurs les plus populaires de la Renaissance. Pour cet ouvrage, considéré encore aujourd’hui comme un des plus beaux livres jamais imprimés, Alde commanda un caractère à Francesco Griffo qui avait déjà réalisé d’autres commandes pour celui-ci.

Sur Alde, voir aussi Les origines de l’imprimerie à Venise.


Description...

Police de caractères Bembo

Griffo, fut un des premier à s’affranchir de l’écriture des anciens manuscrits dont l’influence est encore manifeste dans le Jenson. Ces premiers caractères typographiques avait encore des pleins et des déliés épais (c’est d’ailleurs pourquoi, le Jenson ont inspiré William Morris qui voulait réagir à l’anémie des didones qui triomphèrent au XIXe siècle).

Tirant partie de la finesse de ses instruments de gravure, Griffo dessina un caractère bien proportionné, avec des pleins et des déliés contrastés, le premier de la famille des Garaldes popularisée par Garamond. Autre particularité du Bembo, si on le compare au , ce sont ses capitales qui ont été raccourcies pour être proportionnées aux jambages supérieurs du bas de casse.

Le caractère de Monotype n’est pas bien sûr une simple copie du caractère de Griffo, ne serait-ce que parce qu’il existe différentes variantes d’un même caractère (cinq ‘e’ différents, trois ‘a’) dans les ouvrages de Manuce. De plus l’usage du caractère dans une machine mécanique de composition impliquait également une certaine standardisation des caractères entre eux.

Police de caractères Bembo

Le dernier apport, et non le moindre, de Monotype, fut de graver un caractère italique pour accompagner le romain de Griffo (à l’époque l’italique était considéré comme un style d’écriture différent et non comme le complément naturel du romain). Une première version gravée par le calligraphe anglais Alfred Fairbanks fut finalement rejetée au profit d’une italique plus conventionnelle, basée sur un dessin du maître imprimeur vénitien Giovantonio Tagliente.

... & utilisation

Vers la fin des années 1930, les machines de composition Monotype dominaient le marché européen faisant le succès des caractères commercialisés par la firme britannique. C’est ainsi que le Bembo devint un caractère extrêmement répandu pour la composition de livres, en particulier en Grande-Bretagne. Aujourd’hui encore, le Bembo est un caractère très utilisé dans l’édition.

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