Typographie & Civilisation
MyFonts
   
 
Histoire de l'imprimerie
Imprimerie libanaise
     

CHAPITRE PREMIER

Imprimerie & Chrétienté

EPUIS LA FIN DU XVE SIECLE, Rome fournissait aux Églises d’Orient les livres dont elles avaient besoin. En 1578, l’orfèvre-graveur Robert Granjon avait gravé une série de caractères arabes, qui en 1584 alimentèrent la typographie de la maison pontificale. C’est que le grand souci de la Papeauté, non contente d’aider les églises-soeurs, était également de prévenir tout risque d’hérésie. Les théologiens veillaient à ce qu’aucune erreur doctrinale, même mineure, ne subsiste. En 1590, l’imprimerie vaticane publie les Évangiles en arabe et en 1592 édite pour la première fois un livre de grammaire arabe, al-Kafiyya d’Ibn al-Hajib.

Le Collège Maronite de Rome

C’est la Réforme qui fut l’élément accélérateur de la diffusion de livres catholiques en arabe imprimés par Rome. La crainte de voir l’influence calviniste gagner les églises chrétiennes d’Orient, incita d’abord la Curie a créer des instituts de formation spécifiques pour les clergés orientaux, le collège grec en 1582 et le collège maronite en 1584. À côté de ces instituts, furent fondées de nombreuses imprimeries orientales dont les plus importantes furent celle du séminaire de Padoue et celle du collège maronite. 

Leur objet était de contrer tout à la fois les tentatives réformées en Orient (Aux Pays-Bas, l’imprimerie de Leyde s’était dotée d’une typographie arabe pour le compte de l’Université de Leyde en 1595 tandis qu’en Allemagne, un médecin Peter Kirsten, fabriquait également des caractères arabes et publiait en 1608 une grammaire arabe) que l’influence quasi-hérétique du patriarche grec de Constantinople Cyrille Lucar. Ce dernier, qui depuis 1621 avait compris que le meilleur moyen d’amener ces coreligionnaires à adopter ses idées était de répandre par l’imprimerie des livres qui les exprimeraient, avait appel pour cela appel avec succès à des imprimeurs anglais pour les impressions grecques et hollandais pour les impressions arabes.

L’imprimerie de la Propaganda Fide

En 1627, Urbain VIII fonda l’imprimerie de la Propagande en s’appuyant sur l’imprimerie géorgienne de la Congrégation De Propaganda Fide et en récupérant l’imprimerie illyrienne, confisquée à un luthérien autrichien, et la grande majorité des poinçons de l’Imprimerie des Médicis à Pise.

Fondée à Rome en 1584 par le Cardinal Ferdinand de Médicis, cette dernière imprimerie s’était singularisée par ses impressions d’ouvrages arabes profanes tel le Canon de médecine d’Avicenne, la Géométrie d’Euclide ou encore la Géographie d’Idrisi. Le problème rencontré par ses ouvrages était leur interdiction de vente sur le territoire ottoman; en conséquence la clientèle pour pareils ouvrages était les arabophones européens qui, à l’époque, n’étaient pas légion. La Typographia Medicea était également réputée pour avoir édité le premier livre turc imprimé en arabe en 1587, L’Euclide.

     

 

 

 



 

 

 

 

 

 

 


Typographia Medicea
Evangelium Sanctum
Domini Nostri Jesu Christi, 
Typographia Medicea, 1590