Histoire de l’imprimerie au Liban

L’après-guerre

EN 1948, FUT CRÉÉ LE SYNDICAT DES TYPOGRAPHES ET RELIEURS dont la mission était de défendre les intérêts des gens de métiers. Le nombre de ces derniers grandissaient régulièrement, Beyrouth voyant naître de nombreuses imprimeries à la fin de la guerre.

L’Imprimerie Catholique

La première maison d’édition de cette époque était l’Imprimerie catholique, ce formidable instrument de culture et de diffusion dans le domaine des lettres arabes. Extrêmement bien équipée, l’IC publiait des éditions religieuses, scolaires, littéraires, scientifiques, artistiques, de propagande religieuse et de publicité, qu’elle exportait dans le monde arabe, de Casablanca à Damas, du Caire à Amman. Du monde entier affluait les commandes.

Elle comptait parmi ses clients attitrés l’École des langues orientales de Paris, le Warburg Institute de Londres ainsi que les Instituts d’Alger, du Caire, d’Istambul et de Damas. Ses éditions les plus célèbres sont le Munged, l’équivalent arabe de notre Petit Larousse, ses dictionnaires franco-arabes, le Limes de Chalcis des PP. Poidebard et Mouterde, la collection de la Bibliotheca Arabica Scholasticorum, la série d’albums consacrés à la peinture libanaise, ses ouvrages de philologie, etc.

Par ailleurs, ses excellents services commerciaux permettaient d’assurer pour le compte des pays de la Ligue arabe (Liban, Syrie, Transjordanie), des travails aussi particuliers que l’édition de timbres-poste, la confection de passeports ou d’annuaires téléphoniques.

L’American Press et les autres maisons d’édition libanaises

Ensuite venait l’American Press qui était particulièrement réputée pour ses revues orientalistes, archéologiques et de biologie. Sa production, comme celle de l’Imprimerie catholique, était très variée ; on y trouvait de la littérature religieuse, de la poésie, des romans, de l’éthique et de la morale, etc.

Les autres maisons d’éditions de Beyrouth étaient celles de Mustapha Fathallah (Dar al Kassaf), les Imprimeries Sader et Rihani, l’Imprimerie saint Paul, l’Imprimerie des missionaires libanais et l’Imprimerie saint Sauveur. En 1948, les imprimeries strico-senso étaient alors au nombre de quatorze, les imprimeries commerciales, spécialisées dans les travaux de ville, étaient au nombre de 37 pour la seule Beyrouth, et les imprimeries de périodiques, dont la plus importante était celle de L’Orient au nombre de 20.

En Province l’activité était moins importante. A Tripoli, où la vie culturelle était bien moins intense qu’à Beyrouth, on ne comptait qu’une dizaine d’imprimeries dont deux seulement éditaient des livres. A Saïda, l’activité typographique est dominée par al Irfan qui imprimait publications, périodiques scolaires et de nombreux ouvrages d’histoire, de littérature, de doctrine chiite et de livres arabes. Al Irfan n’était concurrencé à Saïda que par la petite Imprimerie al ‘Asryat. On trouvait également au milieu du XXe siècle, une petite imprimerie à Marjayoun, deux à Zahlé, une à Qabb Elias (Bekaa) et une à Batroun. A noter, l’existence dans la Bekaa de l’Imprimerie des apprentis libanais fondée par le P.Qortbawi en vue d’enseigner la typographie à de pauvres orphelins.

Épilogue

Ainsi après des débuts hésitants, une éclipse de 123 années entre le Psautier de Quzhaya et celui de Choueir, l’imprimerie libanaise est devenue en presqu’un siècle et demi la première de tout le monde arabe. Fait digne de remarque, c’est à des Libanais que l’on doit ces succès, puisque les premières imprimeries ont été installées par des anciens élèves du Collège maronite de Rome. Instrument de propagande par excellence, la typographie a permis au Liban de devenir ce pays de culture universelle. Carrefour de civilisation, le Liban a fait rayonner cette culture dans ce Proche Orient à l’histoire si tourmentée.