Typographie & Civilisation
MyFonts
   
 
Histoire de l'imprimerie
Imprimerie coréenne
     

CHAPITRE TROISIEME

La technique typographique coréenne

OMME MENTIONNE PRECEDEMMENT, le Chuja So est tout à la fois une fonderie, une imprimerie et une bibliothèque. On y fabriquait des caractères métalliques mobiles mais aussi des caractères en bois et des planches gravées en bois pour les impressions xylographiques.

Les hommes

Au Chuja So, les artisans étaient des roturiers tandis que l’encadrement était assuré par des hauts fonctionnaires et des aristocrates quand ce n’était pas le roi lui-même.

Le règlement y était sévère. L’erreur jamais tolérée. Une faute d’impression était ainsi passible de trente coups de bâton. Une fois, pour cinq fautes d’impression dans un volume, tous les hauts fonctionnaires furent congédiés et les artisans punis de bastonnade. Ceci explique peut être pourquoi les impressions de la période Joseon comptent aussi peu d’erreurs!

Mais le roi savait aussi motiver ses ouvriers. Les bons éléments recevaient ainsi des boissons, des gratifications financières quand ce n’était pas des postes de fonctionnaires ou de commandement militaire et ce malgré l’état de roturier de ces artisans.

Les matériaux

Le papier: Fabriqué originellement à partir d’écorce de mûrier, qui poussait bien en Corée, le papier coréen était d’excellente qualité et sa réputation de solidité, d’épaisseur et de souplesse était connue dans tout le monde chinois. La demande de livres augmentant, le gouvernement encouragea la culture de mûriers, puis essaya de nouveaux matériaux (bambou) et envoya des techniciens en Chine et au Japon apprendre les techniques employées dans ces pays. Il établit une manufacture de papier rattachée directement au Chuja So.

L’encre: La plus courramment utilisée était l’encre de noir de fumée d’huile végétale.

Les métaux: La plupart des caractères coréens furent fondus en bronze, un alliage de cuivre et d’étain dans une proportion de 3/4 : 1/4 avec des ajouts de plomb et de zinc. Le principal problème auquel fut confronté les typographes coréens fut le manque structurel de métaux sur le territoire national.

La technique de fabrication des caractères

Un ouvrage de Song Hyon (1439-1504) publié en 1470, le Yongje Ch’onghwa (Recueil d’essais du Yongje) décrit ainsi le processus d’impression:

Pour fondre les caractères, on doit les graver sur une planchette de bois, puis étendre uniformément du sable fin de rivière sur une autre planchette. Ensuite on passe la planchette gravée sur le sable de telle sorte que les caractères s’y inscrivent en creux. On verse alors le bronze fondu dans l’interstice laissé entre les deux planchettes. Les caractères une fois fondus doivent être égalisés (...)
La méthode utilisée est donc assez proche que celle qu’utilisera ultérieurement Gutenberg et ses disciples. Elle consiste à dessiner un signe, avec la réserve, importante, qui est que pour composer un livre ordinaire chinois 4000 à 5000 caractères différents sont requis. Ensuite on fabrique un poinçon en gravant en relief le signe inversé sur un morceau de bois. C’est le travail du Kakchajang.

Ensuite, le Chujong réalise une matrice en imprimant la forme du poinçon dans du sablon très fin et fond le caractère dans le moule. Il finit son travail en limant et régularisant le caractère obtenu.

Le procédé d’impression

Song Hyon résume ainsi le processus:

Au début alors qu’on ne connaissait pas encore la méthode de composition, on fixait les caractères sur une plaque enduite de cire d’abeille fondue, aussi la base des caractères Kyongja étaient-elles pointue pour qu’on puisse les placer facilement. Ensuite, à partir des caractères Kabin, on utilisa de petits morceaux de bambou en remplacement de la cire d’abeille. Ainsi, on voit que l’habileté de l’homme est immense.
Pratiquement, le Ch’angjun dresse une liste des caractères nécessaires à la composition, caractères qui lui sont apportés par le Sujang qui les range sur une table. Le Kyunchajang les dispose ensuite sur une plaque métallique, les fixe avec de la cire ou des petits morceaux de bambou. En règle générale, une page composée en Kabin comprenait dix colonnes de 18 grands caractères ou vingt colonnes de 18 petits caractères, un filet séparant chaque colonne. Il fixe ensuite le tout avec un cadre et presse l’œil des types avec une plaque pour égaliser la forme imprimante.

L’Inch’ulchang prend ensuite la relève et encrant et imprimant une feuille qu’un superviseur, le Kamgyogwan, contrôle et valide. Ayant obtenu son bon à tirer, l’Inch’ulchang peut nettoyer la forme, la réencrer et y appliquer une feuille de papier qu’il appuiera à l’aide d’un frotton de poils souples.

Ultimement, le Chibang réalisera la reliure.

     









Le Kyungchajang ou compositeur
Le Kyungchajang
compose le texte

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Graveur de caractères
Graveur de caractères

 

 

 

 

 

 


L’Inch’ulchang ou encreur
L’Inch’ulchang encre et imprime la feuille sous le regard du  Kamgyogwan