Typographie & Civilisation
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Histoire de l'imprimerie
Claude Garamond
     

CHAPITRE TROISIEME

Des projets de réforme sans lendemain

ES SA CREATION EN 1933, l’Académie de langue arabe du Caire s’est saisie de la question de la réforme de l’écriture. Entre 1933 et 1968, l’Académie a reçu quelques 266 projets recensés. Certains projets reposaient sur le principe de latinisation de l’écriture arabe, d’autres sur l’invention de nouveaux caractères, sur la suppression ou la diminution des points diacritiques, sur la liaison intégrale des caractères d’un même mot, sur la réduction du nombre de lettres en limitant le nombre de caractère par lettre à un.

Des projets de réforme...

Les projets présentés ci-dessous donnent un bon échantillon des projets envoyés par les arabisants du monde entier. Ils reposent sur différents principes. On peut en particulier citer :

  • les projets reposant sur le principe de caractères entièrement liés (comme celui de Muhammad Zaki Abd ar-Rahman, Egypte, 1959),
  • les projets reposant sur le principe de la latinisation de l’alphabet arabe (comme celui de Jean Starcky de l’Institut Français d’Archéologie de Beyrouth, 1947),
  • les projets reposant sur le principe du caractère unique par lettre (cf le projet de Yahya Boutemène, Algérie, 1955 ou celui présentée ci-dessous de Nasri Hattar, USA, 1956).

...qui n’ont pas abouti

Toutefois, aucune de ces réformes n’a à ce jour abouti. C’est qu’on ne change pas en jour une tradition vieille de treize siècles. De plus le fait coranique, et la structure même de la Révélation musulmane, est venu structurer et justifier ce conservatisme dépassé. Le Coran a toujours été le centre vital de la société arabo-musulmane et il le reste fondamentalement. C’est l’axe de référence global et valable pour tout. Pour les Musulmans, l’écriture est souvent jugée comme faisant partie intégrante de la Révélation. Dans ce contexte, changer d’écriture est perçu comme une atteinte au Coran.

De surcroît le changement d’écriture (comme le proposerait des projets fondés sur la latinisation) est ressenti comme une rupture avec l’un des aspects les plus spécifiques et les plus importants des civilisations arabes à savoir l’art de la calligraphie.

Enfin, des problèmes politico-culturels viennent compliquer ce processus. En effet, les Arabes affirment volontier leur personnalité propre, distinctive de celle de l’Occident, la richesse de leur histoire. Accepter de réformer l’écriture arabe, c’est implicitement reconnaître que cet instrument est désormais inadéquat. Incorporer les voyelles dans l’alphabet supposerait imiter ce qu’ont fait les Grecs, 3000 ans plus tôt: “Ce serait reconnaître que la voie suivie par les Sémites était bouchée et sans issue (...) que ce n’était pas la bonne voie, et qu’une fois de plus c’est celle de l’Occident qu’il faut suivre.” (Roland Meynet).

     

 

 

 

 


Projet de Abd ar-Rahman



Projet de Starcky



Projet de Boutemène